Pour les vacances en France, il a toujours été hors de question de les passer dans l’hémisphère Nord, l’équateur se situant aux environs de Valence. Mon ami n’était pas trop chaud non plus pour les destination trop occidentales, autrement dit à l’ouest de Nîmes. A dire vrai, moins on s’éloignait du Var et mieux c’était. Quelques aventures extrêmes, telles quelques jours dans les environs de Toulouse, ou insensées comme une semaine dans les Landes, voire un week-end en Normandie, furent parfois tentées, ou bien encore les Alpes du Sud. Mais cela le laissait dans une telle déception que je n’ai pas eu le cœur d’imposer plus souvent d’autres destinations bizarres, d’autant que le Midi offrait – outre son soleil assuré et sa mer presque assez chaude pour que j’y trempe les pieds – un support familial logistique précieux pour les parents de deux enfants en guerre perpétuelle.

Je découvre donc les cinq autres sixièmes de l’Hexagone depuis quelques années, aidée dans cette découverte par les points d’ancrage de mes abonnements RSS. J’ai découvert le Nord, ses concerts de musique pour sauvages, ses oulipiens et ses choux brocolis ; l’Alsace, son marché de Noël, ses free jumpers et ses cheveux rouges ; le Jura, ses ours, ses gazelles et ses balades en raquettes ; le Gers, ses platanes, sa tendresse et ses jumelles ; la Normandie, ses chieurs, ses nains et ses hôtels de charme ; la Bretagne, ses baleines, son boulanger et ses maisons de pêcheurs… J’ai tout aimé. La France c’est vachement beau et ses habitants plus encore.

En Bretagne, et plus particulièrement dans le Finistère Sud, il s’est passé un phénomène étrange, un sortilège. C’est peut-être à cause des cailloux gris et lisses de la baie d’A. ou alors le trafic des bateaux aux couleurs vives au débarquement de la pêche, ou bien les couleurs de la mer et du ciel, à moins que ce ne soit la douceur des peignoirs en éponge et la tendresse des billigs ou encore les récits des douches municipales avant d’aller au bal, mais ça pourrait bien être aussi qu’elle s’est trouvée là, attentive à l’épissure de mes torons ?

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Se poser. Respirer. Regarder. Pouvoir s’arrêter là, à la bouée, en cas de tempête. Pouvoir s’arrêter là, à la bouée, pour y amarrer quelque temps les amis de passage. Donner les clés à celui-ci ou à celle-là pour l’y savoir souffler.

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Investir un lieu comme je ne pourrai jamais le faire ici, un chez-moi, un « couvepenty ». L’aimer comme il est, pouvoir aussi l’imaginer grandi et embelli, ajouter mentalement la grande table ici à gauche pour s’y retrouver tous autour des langoustines ou des tellines. Un jour une véranda.

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Prévoir l’hiver, les jours de mauvais temps, se raconter le poele à bois qu’on y installera, les bûches sous l’appentis et se la jouer tricot à fond les ballons.

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Les jours de soleil, paresser le matin en attendant qu’il arrive plein Sud par les fenêtres de la chambre, blottie contre le gars qui m’a à la bonne.

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Le week-end dernier, j’ai pris une décision importante. J’ai choisi d’acheter cette maison de pêcheur, quelque part dans le Finistère Sud, en bord de mer. La promesse de vente devrait être demain dans ma boîte aux lettres m’a dit le notaire. Peut-être qu’un jour il y aura un crépi neuf, blanc ou rose.

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